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Comment Burger King détruit les forêts tropicales

Entre le fast-food du coin de la rue et la destruction vertigineuse des forêts d’Amérique du sud, il existe un rapport que le consommateur n’a pas forcément en tête.

Londation Rainforest de Norvège, cette ONG américaine récente vient de lancer une campagne d’opinion qui cible Burger King – une chaîne de 15 000 restaurants vendant 11 millions de sandwichs par jour dans une centaine de pays. L’enseigne se voit reprocher son manque d’exigence vis-à-vis de ses fournisseurs, parmi lesquels des traders, géants de l’agrobusiness impliqués dans la déforestation outre-Atlantique.

Le soja, et plus spécifiquement le soja transgénique, est devenu l’aliment de base de l’industrie de la viande, que ce ce soit pour les bovins, les ovins, la volaille, et même le poisson d’élevage.
La frénésie de consommation carnée qui a saisi la planète et touche maintenant les pays émergents aboutit donc à une suppression massive des forêts du continent sud-américain, qui sont remplacées par d’immenses plantation de soja.
Les récoltes de cette légumineuse (en majorité génétiquement modifiée) ont été multipliées par deux pour dépasser les 300 millions de tonnes (soit dix fois plus que dans les années 1960), et croît plus vite que le secteur de la viande.”
Ces ravages ont depuis longtemps alerté les ONG. Le combat contre ce scandale écologique peut se révéler payant. Ainsi Greenpeace a pris pour cible pendant quinze ans Mac Donald’s avec un certain succès. En 2006, le roi du burger signe, avec d’autres industriels, un moratoire que rejoint le gouvernement brésilien.
“Cet accord exclut des circuits commerciaux légaux les cultivateurs qui auraient planté sur des terres nouvellement conquises sur la forêt tropicale. C’est un succès : selon Greenpeace, le soja qui comptait pour 30 % dans la déforestation en 2006, ne représentait plus que 1,25 % en 2016.”

Hélas, si le cœur de la forêt amazonienne est relativement épargné, les industriels se redéploient vers d’autres régions, comme le Cerrado brésilien, le Chaco argentin, les basses terres de Bolivie, ou la forêt atlantique du Paraguay.

Et après Mac Donald’s, c’est maintenant Burger King qui est dans le collimateur des ONG. Cette chaîne de 15 000 restaurants vendant 11 millions de sandwichs par jour dans une centaine de pays est critiquée pour son laxisme envers ses fournisseurs, des géants de l’agrobusiness, comme Cargill et Bunge (32 000 personnes dans 40 pays).

“En Amérique du sud, ils fournissent semences, engrais et matériels aux exploitants, leur achètent leurs récoltes de soja, les stockent, les transportent par cargos entiers et les vendent à l’export”.

500 000 personnes pour une pétition

Mighty et Rainforest Foundation, deux ONG ont longuement enquêté sur la transformation des paysages ruraux dans les régions concernées et décidé de s’attaquer à Burger King, un des plus gros et plus visibles clients, de ces entreprises de l’agrobusiness en faisant circuler une pétition.

“500 000 personnes ont signé notre pétition en deux jours contre le roi de la déforestation, [240 000 l’ont fait pour la version française], assure Etelle Higonet de Mighty. Le 29 avril, nous allons organiser des marches contre lui. Burger King est tellement loin derrière son concurrent Mac Donald’s ! Il y a sept ans, ses responsables ont promis d’agir contre la déforestation, on attend toujours.”