Provocatrice, elle lance un pari un peu fou : « Je veux reboiser le Grand Paris ». Sarah Le Coq le dit évidemment sur le ton de la rigolade mais il faut se méfier avec cette agricultrice installée à Rosny-sur-Seine : elle carbure à l’utopie. Elle vient de remporter un concours national agricole consacré aux « fermes d’avenir ». Grâce à l’enveloppe de 10 000 € allouée à ce concours, elle va planter plus de 4 000 arbres dans la plaine de Rosny, une commune proche de Mantes-la-Jolie, grignotée au fil des ans par l’urbanisation. « Initialement, c’est quelque chose que j’envisageais de faire sur vingt ans. Grâce à cet argent, ce délai sera ramené à deux ans », confie cette agricultrice de 35 ans, descendante de fermiers et de laboureurs depuis 1789.
Pour prendre de l’avance, elle a déjà commencé à repiquer plus de 2 000 végétaux au beau milieu de ses champs, en décembre dernier, avec l’aide de bénévoles et de membres de l’association d’aide à l’installation et à la gestion du maraîchage. La seconde corvée est prévue en septembre prochain. Tous ces arbres cohabiteront avec les milliers de légumes qu’elle cultive.
Le mot : permaculture
Conceptualisée à la fin des années 1960, la permaculture tient autant de la philosophie que de la technique agricole. Il s’agit de créer un modèle environnemental le plus autonome possible de manière à limiter au maximum l’intervention de l’homme. Exemple concret : l’accumulation, au fil des ans, des couches de compost va enrichir durablement le sol et l’agriculteur n’aura plus besoin d’utiliser régulièrement de l’engrais. Autre exemple, les poules, qui éliminent les insectes nuisibles et produisent des œufs. Ces interactions finissent par créer un équilibre qui crée de l’abondance et profite tant aux hommes qu’à la nature.
Installée à la sortie de Rosny-sur-Seine, au pied de la superbe forêt qui domine sa petite maison, Sarah Le Coq produit et vend tout au long de l’année 70 à 80 espèces de légumineuses. « La cohabitation est bénéfique pour les légumes, dit-elle. Un arbre apporte de la fraîcheur en été et de la douceur en hiver, il attire les oiseaux qui s’attaquent aux insectes, attire de nouvelles espèces, apporte de la matière organique grâce à ses racines et la décomposition de ses feuilles ». Bref, un engrais naturel, respectueux de l’environnement et qui favorise la biodiversité.
Cette démarche s’inscrit dans le cadre du concept de permaculture, une forme d’agriculture respectueuse de la nature. Cette philosophie a également l’avantage de doper la production de légumes. D’ici 10 à 30 ans, selon leur pousse, Sarah Le Coq pourrait augmenter ses rendements de 10 à 20 % grâce à la cohabitation arbres-légumes. Un argument, pour elle, secondaire mais qui pourrait aider à convaincre les partisans de l’agriculture intensive…